La fille du Cheikh des Bédouins de Miral Al-Tahawi

Mardi 22 Septembre 2020-00:00:00
' Ayman Elghandour

Dar Al-Ain a récemment publié le livre Bint Sheikh Al-Orban (La fille du Cheikh des Bédouins), écrit par la romancière Miral Al-Tahawi, lauréate du prix Naguib Mahfouz pour le roman arabe en 2010. Composé de 336 pages, ce livre part d'une idée totalement subjective, dans laquelle Miral n'a pas oublié qu'elle est avant tout une romancière. Au début du livre, nous voyons un chapitre intitulé « Le début » qui remplace l'introduction, et qui aurait pu faire partie d'une autobiographie, mais il a pour objectif de révéler l'impulsion personnelle qui a poussé cette universitaire spécialiste dans le domaine de la littérature à se placer au cœur des études historiques. Comme le titre indique, ce sont les Bédouins, les habitants du désert qui font l'objet de cette étude, thème cher à la romancière et qu'elle a abordé dans ses œuvres précédentes: « La tente », « Les tabous tribaux, le sacré et son imagination dans la communauté pastorale » et « La femme sacrée, les mythes des femmes du désert ». 

Le livre n’est pas une autobiographie, mais l’auteure a voulu annoncer son affiliation aux Bédouins et à leur histoire, essayant de mettre l'accent sur la question de l'identité qui l'occupe et sur l'histoire culturelle, politique officielle et le patrimoine oral des Bédouins en Egypte. Miral Al-Tahawi raconte une longue histoire, depuis Ibrahim le père des prophètes, son épouse Hajar et leur fils Ismaïl le père des Arabes jusqu'aux migrations successives des tribus arabes de Najd vers l'Egypte, avant et après la conquête islamique, et leur installation dans trois régions : la région orientale (maintenant Charqiah), la région occidentale (Beheira) et la Haute Egypte, plus précisément la ville de Qeft. Miral Al-Tahawi n'essaie pas de dater la marche des Bédouins en Egypte et ne porte pas de jugements. Elle n'est occupée que par cette relation épineuse avec le pays dans lequel ils vivaient et leur relation avec les paysans égyptiens, qui oscille entre l'appréciation et le mépris. Le livre est une tentative de comprendre cette identité scindée des Bédouins qui ont refusé de s'intégrer avec le peuple. 

Bien que le livre soit une étude sur l'histoire culturelle et le patrimoine oral des Bédouins en Égypte, l'auteure ne s'est pas engagée pour le culturel, mais a abordé l'histoire officielle, à la fois ancienne et moderne, en particulier la révolution d'Orabi, dans laquelle les chercheurs sont en désaccord sur la compétence de son chef, responsable de l'échec et qui a permis aux Anglais d'occuper l'Égypte. Avec la révolution d'Orabi, l'autobiographie est renforcée dans le livre où Miral cite un témoignage de ce dernier dans les journaux de son avocat et ami, Lord Blunt, dans lequel celui-ci était persuadé que Saoud Al-Tahawi, le grand-père de l'auteure, faisait partie de ceux qui l'ont trahi.